Ce dimanche, Jésus propose une parabole très actuelle : celle du riche et du pauvre Lazare. Dans la présentation même des protagonistes, Jésus opère une distinction : il révèle le nom du pauvre, et anonymise le riche. D’un côté nous avons Lazare, de l’autre, le riche. Dans leur séjour chez les morts, une frontière infranchissable les sépare, comme un reflet de la frontière qui n’était pas franchie durant leur vie. Le riche n’a pas été saisi de compassion pour Lazare, qu’il connaissait pourtant, puisqu’il cherche dans le séjour des morts à l’utiliser pour son réconfort.
Une lecture partisane ferait dire au sujet de Jésus qu’il est contre les riches. Une lecture plus nuancée nous fait découvrir l'option préférentielle pour les pauvres. Cette attitude est promue par la doctrine sociale de l’Église, consiste à “[porter] attention aux pauvres, non comme à un problème, mais comme à des personnes qui peuvent devenir sujets et protagonistes d'un avenir nouveau et plus humain pour tous”. Ces mots de saint Jean Paul II pour la Journée Mondiale de prière pour la Paix de l’an 2000 demeurent d’actualité, et rappellent l’infinie dignité de la personne. L’expérience de Bernadette à la grotte de Lourdes est significative: “elle m’a regardée comme une personne”.
Cet appel à prendre soin du pauvre n’est pas une invention du XXème siècle. Au IVème siècle, déjà, saint Jean Chrysostome faisait retentir cet appel : “Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici, dans l’église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements (...) Donc, lorsque tu ornes l’église n’oublie pas ton frère en détresse, car il est un temple et de tous, le plus précieux”.
La pauvreté cependant peut prendre bien des aspects. L’un de ceux-ci, c’est l’ignorance du Christ et de son amour. Cette pauvreté est parfois bien plus difficile à soulager. La parabole peut alors se réécrire. “Il y avait un chrétien, bien sous tous rapports, qui allait à la messe chaque dimanche. Dans sa rue passait Sarah, à qui personne n’adressait la parole. Elle aurait bien voulu avoir un peu d’amour, de considération. Mais même sur les réseaux on se moquait d’elle. Or elle mourut et fut emportée près de Jésus. Le chrétien mourut aussi et on l’enterra. Et Jésus de lui demander : pourquoi n’as-tu pas été témoin de mon amour auprès d’elle ?”
Père Pierrick HARIVEL, vicaire.